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Auto-édition ou édition traditionnelle ?

Je vais vous donner ici quelques informations qui vous aideront a choisir entre auto-édition et édition traditionnelle, dans une grande maison d’édition.

Qu’est ce que l’auto-édition ?

Il existe plusieurs plateformes d’auto-édition, qui peuvent éventuellement être viables pour les romans surtout s’ils sont vendus en version numérique. Je n’en ai pas trouvé qui soit compatible avec l’édition jeunesse : 100% papier, souvent cartonné. N’ayant pas creusé le sujet, je vous invite à chercher les avis des personnes les ayant expérimentées.

Donc dans cette section, je parlerai principalement de ce que je surnomme : la vraie auto-édition. Cela consiste à demander des devis à de nombreux imprimeurs (ne vous contentez pas des premiers résultats google 😉 ), démarcher les libraires pour y vendre ses livres etc. C’est le fonctionnement que j’ai choisi pour éditer mes livres et albums jeunesse.

Vous pourrez soit payer vos impressions vous même, soit organiser une campagne de financement avec des précommandes. Cette 2e option est une bonne façon de savoir si le public est conquis ou non par votre ouvrage.

Vous devrez avoir des compétences polyvalentes et vous entourer d’autres professionnels pour combler celles qui vous manquent. (illustration, correction, graphisme etc) Cela représente beaucoup plus de travail, mais à mon sens, c’est plus satisfaisant. Vous pouvez faire vos choix de bout en bout et avoir un projet d’une grande cohérence.

C’est passionnant, mais difficile, alors  je ne le conseille pas à tout le monde.

Imprimerie

Qu’est ce que l’édition traditionnelle ?

Ici, je vais plus spécifiquement vous parler des grandes maisons d’édition traditionnelles, qui sont à compte d’éditeur. C’est le type d’édition le plus recherché, où vous n’engagez jamais aucun frais de votre poche et n’avez théoriquement rien à faire en dehors de la création du livre.

Je vous conseille de les sélectionner soigneusement, en cherchant les lignes éditoriales de chaque maison. Certains ne veulent que des manuscrits, d’autres acceptent les projets comprenant le texte et une partie des illustrations. Une partie peut être sollicitée par mail, pour d’autres il faudra envoyer un courrier.

Très peu de projets sont retenus (environ 1 / 6000) et le délai de réponse est souvent de plusieurs mois, voir 1 an.

Si le manuscrit est accepté, l’éditeur va probablement vous demander des modifications, puis il prendra la main pour faire corriger, illustrer, mettre en page, diffuser et distribuer etc

C’est aussi l’éditeur qui va faire la promotion de votre livre, s’il le souhaite. Le nombre de livres qui sortent chaque année a explosé et le soin apporté par l’éditeur à la promotion de chaque titre diminue significativement. Le nombre d’exemplaires vendus par titre à sérieusement baissé également.

Du coup, il est conseillé aux auteurs d’être actifs sur les réseaux, d’entretenir une communauté, d’organiser des dédicaces etc. Une grosse charge de travail similaire à l’auto-édition…

Idéalement, la maison d’édition vous verse un à-valoir : une garantie de revenus pour les mois de travail que vous avez consacré au livre, qu’il se vende ou non. Vous commencerez à percevoir des droits d’auteur complémentaires, si les ventes dépassent le montant de l’à valoir.

édition traditionnelle
Source : https://www.scam.fr/actualites-ressources/9e-barometre-des-relations-auteurs-editeurs/


Toutefois, l’auteur-ice ne gagne qu’environ 8 % du prix du livre. Soit entre 1 et 2€ par livre. (en jeunesse c’est encore moins et il faut partager entre l’auteur-ice et l’illustrateur-ice) Il faut donc en vendre environ 1000 pour atteindre 1500€ d’avance sur droit. Or les ventes, en moyenne pour un premier roman, varient entre 500 et 800 exemplaires.

Enfin, à en croire les retours de nombreuses personnes éditées, les abus et l’irrespect sont trop répandus… Vendue comme étant la seule « vraie » édition, ce n’est donc pas aussi idyllique qu’on pourrait l’espérer.

Ceci dit, vous verrez ici que selon moi, les autres options sont bien pires, à part l’auto-édition, qui ne me semble pas convenir à tout le monde. Alors si vous ne vous sentez pas capable de vous éditer vous même, la grande maison d’édition reste sans doute la meilleure option pour vous.

Pourquoi éviter l’auto-édition ?

L’auto-édition semble plus accessible de nos jours. De nombreux sites proposent « de l’aide à l’auto-édition ». Selon moi, il est très rare que le service soit à la hauteur de la marge demandée… De nombreuses personnes ont déjà parlé de ce problème, souvent proche de l’arnaque… Parmi leurs arguments, ils disent s’occuper du dépôt légal et de l’ISBN, alors qu’il n’y a rien de plus simple à faire.

Ils annoncent que vous serez dans toutes les librairies. En réalité, votre livre n’y sera pas physiquement. Les libraires ne sauront pas que votre livre existe. Ils pourront juste le commander, si un client le demande, ce qui arrive rarement de façon spontanée. 
Pour que cela fonctionne, vous devrez faire de gros efforts en communication et aller à la rencontre des lecteurs potentiels.

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L’impression à la demande est peut être envisageable pour les romans, mais j’ai réalisé quelques devis pour mes albums couleur cartonnés et ce n’était tout simplement pas viable.
Exemple sur BoD : Pour imprimer mes albums un par un, la part BoD serait de plus de 23€. Ils me conseillent de le vendre 25,99€ afin de faire 2,65€ de marge… Or un album de ce type est généralement vendu entre 11 et 14€ : à 26€, il ne se vendrait probablement pas. Je propose les miens à 12,5€. Soit presque deux fois moins cher que le coût d’impression…
Il est possible de commander par lot pour réduire ces coûts, mais on reste entre 16€ et 11€ de coût unitaire. Le moins cher étant pour un minimum de 200 exemplaires, ce qui implique un investissement de plus de 2000€. (ce que l’on espérait éviter grâce à l’impression à la demande).
Imaginons que je choisisse cette option à 11€/unité, et 1,5€ de marge pour moi, il suffit que la commande doive être envoyée pour que cela ne fonctionne plus. Les frais d’envoi pour un album cartonné sont de 4,7€ par Mondial relay ou 6,21€ par la poste…

Certains se tournent vers l’auto-édition « faute de mieux », suite aux refus des éditeurs. En réalité, faire le choix de l’auto-édition, c’est vouloir exercer un tout autre métier, qui demande de nombreuses compétences. En plus de l’écriture et/ou l’illustration, vous devrez gérer l’édition, la communication, la diffusion, la distribution etc. Vous aurez donc beaucoup moins de temps à consacrer à la création d’autres livres.

Si vous n’avez pas réellement envie de cet aspect multitâche, alors l’édition à compte d’éditeur vous correspond mieux. Chercher à sortir votre livre à tout prix va vous coûter cher et il est peu probable que vous ayez un jour un retour sur vos investissements.

Rien ne vous empêche de remanier votre texte, ou d’en écrire d’autres, avant de recontacter des maisons d’édition. Vous pouvez aussi faire imprimer quelques exemplaires pour offrir à vos proches et vous faire plaisir.

Pourquoi choisir l’auto-édition ?

– Pour faire nos propres choix éditoriaux, parfois plus créatifs ou moins commerciaux. Pour ne pas se plier à la contrainte du standard d’une collection qui nous semble desservir notre projet, etc.

– Parce que certaines maisons d’éditions ont un respect très relatif pour leurs créatifs… Il y en a qui ne se gênent pas pour effectuer des changements sans consulter les personnes qui ont écrit ou illustré l’ouvrage, par exemple.

– Les éditeurs se présentent souvent comme ceux qui nous font la grâce de prendre le risque de publier nos ouvrages. Ils nous offrent généreusement un petit pourcentage, souvent entre 6 et 8 % du prix de vente… Pourtant sans personnes pour créer les livres, il n’auraient ni emploi, ni salaire.

Le fait est que les maisons d’éditions reçoivent une très très grande quantité de manuscrits. Ils peuvent se permettre d’imposer leurs règles, car si une personne refuse ces conditions, on peut facilement la remplacer.

Et si nous décidions de voir les choses sous un autre angle ? Les créatifs engagent et payent les autres acteurs de la chaîne du livre, pour se focaliser sur la création du contenu et leur déléguer le reste. J’ai tendance à trouver que payer la quasi totalité du prix de vente pour ces services dont la qualité ne cesse de baisser, ce n’est ni logique, ni très juste. Le rapport de force est inversé uniquement pour des raisons d’offre et de demande…

Opter pour l’auto-édition peut être une démarche engagée, ayant pour but de rééquilibrer le monde de l’édition. Ainsi, nous pouvons espérer que les hommes et femmes souhaitant vivre de l’écriture et de l’illustration, puissent le faire dans de bonnes conditions.


Une partie des manuscrits refusés par les maisons d’éditions n’étaient réellement pas bons… Mais ils laissent aussi passer quelques pépites. Des personnes talentueuses, bien entourées et avec de solides compétences, sont de plus en plus nombreuses à réellement choisir l’auto-édition. Ainsi peuvent être produits des livres de qualité, sans éditeur.

Quelle est l’édition la plus rentable ?

Quand on se demande pour quel mode d’édition opter, généralement cela se termine par : « les édités ont une toute petite marge, mais un volume de vente plus important et inversement pour les auto-édités ». Il est malheureusement difficile d’obtenir des chiffres précis.

Or, la vente moyenne, catégorie littérature jeunesse en maison d’édition, serait de 3000 exemplaires (Source : SNE. Comprends albums, BD, et romans jusqu’aux ouvrages pour jeunes adultes). Ce n’est pas énorme. Qui plus est, dans le lot, il y a les best seller, qui pèsent lourd dans la moyenne.

Beaucoup de livres édités auront des ventes inférieures à 800 exemplaires. Quand on gagne entre 0,5€ et 1,6€ par livre vendu, cela fait bien peu de revenus…

C’est encore plus variable pour l’auto-édition. Quelques uns ont beaucoup de succès. Une bonne part vivote. D’autres ne feront que quelques ventes, mais le plus souvent, ce sont ceux qui n’auront pas fait beaucoup de com’, de salons etc. Votre réussite dépend beaucoup de ce que vous mettrez en œuvre pour rencontrer votre public.

Il faut aussi savoir que se créer un lectorat prends du temps. Il faut souvent plusieurs années et plusieurs livres, pour doucement se faire connaitre par plus de personnes.

Enfin, sans vouloir vous décourager, gardez à l’esprit que dans tous les cas, il est exceptionnel de bien vivre de ces métiers d’écriture et d’illustration… Selon le rapport sur le secteur du livre publié par le ministère de la Culture en 2018, les auteur-ices ne touchent que 5000€ en moyenne (best seller inclus, une fois encore)

L’auto-édition est-elle faite pour vous ?

Je pense que l’auto-édition est une bonne solution, si vous pensez avoir, en plus des compétences en écriture et/ou illustration, un bagage qui vous permette d’être polyvalent. Ou si vous avez la possibilité de déléguer une partie des autres tâches nécessaires à la création d’un livre de qualité : relecture, mise en page, diffusion… Et surtout, que vous avez envie d’être un couteau suisse !

Pour que cela marche il faudra travailler la communication, vous constituer peu à peu une communauté qui vous suive. Il faut aimer passer ses week-ends en salons. Vous devrez gérer les tâches qui incombent normalement à d’autres acteurs de la chaîne du livre. Ce qui implique d’avoir moins de temps pour créer plus de livres.

Si vous voulez uniquement écrire ou dessiner et ne pas avoir à gérer le reste, alors l’auto-édition risque fort d’être frustrante et d’échouer.
En revanche, si l’aspect pluri-disciplinaire vous plaît, alors l’auto-édition est faite pour vous. Ce sera passionnant, valorisant, et satisfaisant.

Finalement, c’est la façon dont vous souhaitez exercer ce métier, qui devrait motiver votre choix entre auto-édition, et édition traditionnelle.